La RSE… Tout le monde en parle. C’est le nouveau mot à la mode dans notre industrie textile. On entend un peu de tout et on sent bien que tout a tendance à être mis dans le même panier… celui du développement durable, du respect de l’environnement, de la production « carbone positive », du bien-être des salariés, de la bientraitance animal… Mais on se rend compte que malgré tout, les entreprises ont souvent besoin d’un scandale pour démarrer une démarche de mutation. Que ce soit après l’effondrement du Rana Plaza, la souffrance des chèvres mohair dévoilée aux grands yeux du monde par PETA, la situation des Ouighours, la toxicité d’un canapé IKEA…
Mais finalement, quand on prend un peu de recul sur ces situations, tous ces problèmes sont reliés à une seule vraie problématique : la maîtrise de sa traçabilité de bout en bout de sa chaîne d’approvisionnement et la connaissance de ses partenaires à tout niveau… et derrière tout cela le risque de fraude. Le monde de la mode et de l’habillement va devoir s’engager dans l’air de la preuve.
La RSE… Tout le monde en parle, mais tout le monde ne se met pas forcément en action. Au-delà du marketing, de la communication, des certifications garantissant un produit sain, un produit biologique, un produit éthique… chaque entreprise a une réelle responsabilité quant aux produits qu’ils achètent et revendent à leur clientèle. Et les clients ont également une responsabilité quant au fait de poser les bonnes questions et d’écouter les réponses apportées par les entreprises, tout en essayant de prendre un vrai recul sur la réalité de notre industrie.
L’industrie textile est en évolution. On parle souvent de l’opacité de l’industrie du cuir. Mais ne nous trompons pas, celle du textile l’est également car chaque acteur a peur de se faire « court-circuiter » par son client à cause des marges toujours plus importantes et de l’augmentation constante des prix.
Entre 2000 et 2017, deux fois plus de vêtements ont été produits. Et pourtant, le budget des ménages alloué à la consommation d’habillement en France a reculé de 10 points entre 1990 et 2018. Cherchez l’erreur…
La RSE représente donc un enjeu majeur pour les industriels de l’habillement car elle nécessite une évolution de l’état d’esprit de toutes les parties prenantes et une mise en mouvement global, à tout niveau de la chaîne d’approvisionnement.
Nous sommes déjà en marche, les leviers sont activés, et des leviers forts. La loi AGEC notamment, de part la mise en place prévue en 2023 de l’affichage environnemental, met le pied à l’étrier aux entreprises textiles pour s’engager dans une démarche de traçabilité, nécessitant la collecte de données réalistes et donc cohérentes vis-à-vis de la réalité. Car en effet, à quoi bon réaliser des analyses du cycle de vie de ses produits si les données utilisées sont « par défaut » ?
Mais alors, est-ce qu’il y a une recette magique pour avoir les BONNES informations de la part de ses partenaires ?
Je dirais que le premier point majeur, c’est de ne pas exiger des choses de la part de ses partenaires que nous refuserions de donner si nous étions à leur place. Donc l’éthique est le premier mot clé pour avancer dans une démarche de traçabilité. Et la confiance aussi. Et pourquoi pas récupérer les données sans les communiquer forcément ? Car en effet, s’ancrer dans une démarche de traçabilité ne rime pas forcément avec une communication totale sans consentement des partenaires.
La deuxième clé : la patience et la communication. Prendre le temps d’appeler ses partenaires, de communiquer avec les partenaires de vos partenaires. Comprendre leurs enjeux, leurs freins… Sans cela, comment proposer des solutions adaptées ? Et surtout, comment être sûre que les informations récupérées sont les bonnes et qu’on ne vous dit pas juste ce que vous voulez entendre ? Non votre coton ne vient pas du Xinjiang, je vous fais une attestation sur l’honneur et c’est bon pour vous ? Beaucoup diront que oui, mais non cela ne suffit pas. Car une déclaration sur l’honneur n’est pas une preuve tangible. Et si demain vous vous retrouvez dans la situation d’un Mango, H&M ou Carrefour et que vos étiquettes sont retrouvées dans les décombres d’un bâtiment comme le Rana Plaza, une déclaration sur l’honneur ne vous aidera certainement pas.
Oui, aujourd’hui nous ne cherchons plus à répondre simplement à des questions « marketing ». Fini l’heure de la « couverture ». Bonjour à l’air de la preuve et de la responsabilité. Désormais, il est possible de creuser, de poser des questions, de se déplacer, de vérifier. Pas forcément de manière parfaite, mais de manière consciente et engagée.
Et donc évidemment, quand nous parlons à un filateur, ne pensons pas qu’il connaît la référence d’un produit fini conçu grâce à son fil, transformé en tissu puis en vêtement. Parlons son langage. Et pour cela, il nous faut les bonnes informations. Donc vous l’aurez compris, la troisième clé, c’est le multi langage et l’adaptation à chaque acteur. C’est à ce moment là que le numéro de lot, la référence du tissu, du fil ou autres éléments devient important.
Et pour récupérer toutes ces informations, il faut mobiliser du temps et de l’énergie et surtout il faut avoir les bons outils. Ce sont les dernières clés fondamentales. On ne fait pas de la traçabilité sur un coin de bureau, on s’implique dans une réelle mission à long terme. Car oui, au départ vous récolterez des brides, et puis les brides s’élargiront et finiront pas aboutir sur une coopérative, un élevage, … Et si vous vous rendiez là-bas pour rencontrer ceux qui cultivent la matière première de votre joli sweat ? Et si vous les accompagniez pour une transition vers du biologique ? Vers une amélioration de certaines pratiques qu’ils ne connaissaient pas forcément ? Et si vous leur montriez que c’est possible de faire mieux avec ce qu’ils ont déjà comme moyen ? Et si vous appreniez d’eux pour devenir plus humble et plus conscient de la réalité de leur quotidien ?
Oui, c’est ça la RSE aussi. Le travail d’équipe. Le travail de partenariat. Le mélange des savoirs faire pour avancer autrement, pour avancer consciemment. Et c’est un vrai enjeu car c’est une révolution en tout point. Changer c’est accepter de perdre quelque chose d’acquis et prendre le risque de faire autrement. Et sans être guider, ça fait encore plus peur.
Alors il est temps de changer, il est temps de s’adapter, il est temps d’évoluer, il est temps de tracer, de connaître et d’avancer. Il est temps d’ouvrir les yeux et d’être conscient des enjeux qui nous entourent. Il est temps de les vivre comme un challenge.
Les consommateurs sont en attente. 42% des consommateurs ont déjà utilisé une application pour évaluer l’impact produit sur la santé, l’environnement et/ou la société. Et ce n’est que le début.
La demande des marques est en expansion. Car oui, par où réellement commencé ? Quels outils existent-ils pour débuter cette démarche et la cristalliser dans un réel savoir-faire en interne ?
C’est dans cette dynamique que FOOTBRIDGE a été créé. Pour répondre aux attentes des marques, pour les aider à relever ce challenge de traçabilité. Pour les accompagner dans l’onboarding de leurs fournisseurs, à tout niveau. Pour remonter leur chaîne d’approvisionnement et maîtriser davantage leur sourcing. Pour prendre les bonnes décisions, en toute conscience. Mais aussi pour valoriser la fabrication de leur produit, pour mettre en lumière leurs bonnes pratiques. Car si la communication est maîtrisée et prouvée, alors elle devient un vrai outil d’impact positif pour notre industrie. Car quand on fait bien, nous devenons un exemple et démarrons une autre révolution, positive cette fois. C’est ce qu’on appelle l’effet boule de neige !
Estelle Secher, Coordinatrice RSE
