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L’histoire du coton

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6 juillet 2021
L’histoire du coton 1210 859 Good Fabric

Aujourd’hui nous allons nous pencher sur l’une des espèces végétales les plus fascinante sur terre : Le coton. A travers trois volets, nous vous embarquons dans la folle histoire du coton. Pour mieux la comprendre, nous allons vous emmenez de civilisation en civilisation pour découvrir cette graine et pour parler de sa domestication par l’homme ou encore des dérives dramatiques d’un point de vue social et environnemental.

Volet I : Genèse du Coton

Découvertes du coton : Où et quand le coton est-il apparu ?

Contrairement à l’idée reçu qu’une espèce domestiquée nait dans un berceau géographique, puis, suit la migration de l’homme pour s’implanter dans d’autres endroits. Le cotonnier, lui, va être domestiqué à des époques d’une antiquité comparable en Asie, en Afrique et en Amérique. Ces trois foyers de domestications sont tout à fait indépendants et extrêmement éloignés les uns des autres.

La première trace du coton dans l’histoire de l’humanité provient d’une tombe néolithique à Mehrgarh, au Pakistan où des archéologues ont découvert un fil de coton, préservé au sein d’une perle de cuivre en 5 500 ans av J.-C. Des traces de culture de coton, datant de 2350 avant notre ère, ont également été retrouvés dans cette région indiquant que la grande civilisation de l’Indus maniait le tissage de coton à la perfection. Enfin, des empreintes de tissu de coton au nord de l’Arabie ont été recensés attestant que des commerçants échangeaient leurs marchandises de coton à travers la vallée de l’Indus à la Mésopotamie et à l’Arabie.

Paradoxalement, on pourrait penser que du côté de l’Afrique, les premières traces du coton se trouveraient en Egypte ancienne car dans les sites archéologiques égyptiens on trouvait de très bonnes conditions de préservation qui leur offraient une ample moisson de lin et d’autres fibres végétales. Mais c’est du côté de Afyea en Nubie Egyptienne (Soudan) vers 3000 av J.-C que des graines et des fibres de coton ont été découverts dans des excréments de chèvres. La particularité de ces graines, c’est qu’elles possèdent, à la fois, des caractéristiques sauvages et des caractéristiques propres à la culture. Il se pourrait que le cotonnier aurait connu un début de culture à cette période dans cette zone.

En Amérique et plus précisément au site archéologique de Real Alto situé en Equateur, des graines de cotonnier ont été découverts datant de 3500 ans av J-C. Mais le plus impressionnant a été la découverte sur la côte péruvienne, dans le site archéologique de Caral, de graines, de capsules, de fibres filées, de filet de pêche et surtout de fragments de tissus datant de cette même date. Dans ce site, les archéologues ont pu reconstituer les dessins inscrit sur le tissu où l’on retrouve des personnages, des perroquets, des crabes, des serpents et des chats. A partir de cette découverte, les cotonniers du Pérou et de l’Equateur sont aller coloniser une grande partie de l’Amérique du Sud, en traversant les Andes d’ouest en est, puis jusqu’aux latitudes du Brésil et enfin remonter vers l’Amérique centrale. En effet, des traces de ficelles et de cordes confectionnés avec des fils de coton ont été découverts à Tehucan au Mexique datant de 1500 av J-C.

Cependant, pour ces trois berceaux du coton, on constate une différence entre ces espèces. En effet, leurs indépendances viennent du fait que ce ne sont pas les mêmes genres de la famille des malvacées (Famille du coton). En effet, les cotons de l’Ancien Monde sont liés à deux espèces «  Gossypium arboreum » et «  Gossypium herbaceum ». Tandis que pour les cotons du Nouveau Monde, ils sont associés à deux espèces «  Gossypium barbadense » (fibres plus longues et plus solides)  et « Gossypium hirsutum » (fibres plus courtes mais très productive).

Le Coton à travers les civilisations : Comment le coton s’est-il inscrit à travers les civilisations ?

A l’époque de la Grèce Antique, vers 500 av J-C, Hérodote, à travers ses récits, fait découvrir aux Grecs la plante qui produit le coton qui se cultive seulement dans la région de l’Indus, car, à cette époque, ce fleuve marque la limite de la civilisation Grecque.

Chez les Romains, la notion de coton est illustrée par le texte grec « Périple de la mer Erythrée » qui est un guide de voyage et de commerce entre l’Egypte, L’Afrique de l’Est, le sud de l’Arabie et la côte ouest de l’Inde où les tissus de coton sont fabriqués à Gujarat dans le Nord-Ouest de l’Inde et s’échangent dans tous ces coins du monde. C’est la naissance de la première économie de coton. Après la chute de l’Empire Romain, ce sont les Arabes qui, à travers leurs conquêtes, transporta le coton notamment en Sicile, en Espagne ou encore en Afrique.

La trace du coton dans l’histoire de la Grèce Antique et de Rome est quasi inexistante car cette fibre végétale n’était pas du tout mise en avant par ces peuples. Dans le choix de la tenue, le lin était la matière phare quelque soit la classe sociale.

Quand on mentionne l’histoire du coton, on est obligé de parler du voyage de Marco Polo aux 13 -ème siècle où, d’après son périple et ses observations, le coton croit en abondance dans la région de Mossoul et dans la Perse qui sont caractérisé par de magnifiques broderies. De plus, l’aventurier italien évoque des cultures de coton en Chine où il est cultivé dans les régions du Guandong et Fujian qui est aujourd’hui pour nous le Vietnam. A travers ce récit, on constate que le coton est dans cette région depuis bien des siècles même si, traditionnellement, la soie reste majoritaire dans ce pays. Ce n’est qu’en 1313, sous l’impulsion de l’empereur Chinois, que le coton dépasse la soie et est instauré dans toute la Chine.

En 1492, lorsque Christophe Colomb découvre le Nouveau Monde, il pensa qu’il était arrivé aux Indes car les aborigènes lui offraient du fil de coton en pelotes chose qui était abondante dans les Indes. La mission principale de Christophe Colomb était de chercher de l’or et des épices or partout où il allait il ne trouvait que du coton en grande quantité. C’est à cette période que le conquistador eu la première ébauche de l’esclavage de la population amérindienne en disant « Ils n’ont pas d’armes, sont tout nus, n’ont pas le moindre génie du combat. Ils sont donc propres à être commandés et à ce qu’on les fasse travailler, semer et mener tout autres travaux qui seraient nécessaires ».

A partir de cette découverte, le Portugal et l’Espagne envoyèrent d’autres conquistadors pour conquérir l’immensité de l’Amérique du Sud et convertir cette population. Le premier d’entre eux, Herman Cortès célèbre conquistador portugais, arriva à Tenochtitlan, capital de l’Empire Aztèque, en 1519. Il découvrit un peuple portant une cape de coton tissé semé de perles et pièces précieuses revêtues que l’on nomme « tilmatli ».  Ces capes étaient issues principalement de la vallée de Tenochtitlan et étaient tissées par les femmes aztèques, formées dès le plus jeune âge, au sein de leurs foyers.

Enfin pour la civilisation Inca, on a pour la première fois la notion de tisserand qui est une classe d’hommes spécialisés chargés de réaliser des tissus de très grande qualité « qompi » ou encore de tisser des étoffes « awasqa » plutôt grossières. C’est dans cette région que l’on observe pour la première fois un métier à tisser du coton : le métier à sangle dorsale où les fils de chaine sont tendus entre deux barres de bois parallèles ; l’une des barres est attachée à un point fixe tandis que l’autre est fermement maintenue par une sangle passant dans le dos du tisserand.

Prise de conscience du potentiel du coton par les européens

C’est à partir du 16-ème siècle que le coton va exploser en Europe car l’apparition d’« Indiennes », tissu colorés et légers en coton hors de prix, sur le marché européen va bouleverser la façon de s’habiller des peuples. A cette période, les courtisans privilégient les luxueuses étoffes de lin, laine et les soies unies pour paraître en société mais les indiennes se multiplient dans les intérieurs, que ce soit dans l’ameublement ou dans le vêtement comme les robes de chambre. En revanche, la meilleure résistance du coton fait que la basse société s’empare de ces tissus nouveaux pour leur quotidien. Colbert, ministre pour le Roi Louis XIV, créa la Compagnie des Indes orientales en 1664 afin de ramener 8 à 10 vaisseaux chargés de tissus en France par an au port de Marseille. C’est un marché lucratif, les cotonnades sont débarquées dans le port de Marseille, puis peintes par les artisans locaux ayant appris les techniques de peinture des Indiennes et enfin vendu partout en France. La même situation se produit en Grande-Bretagne où la première fabrique de toile de coton voit le jour dans le Lancashire qui permet à la nation de maitriser toute la chaîne de fabrication de la transformation de la matière brute à la confection de toiles peintes.

Cependant à la fin du 17 -ème siècle, les gouvernement britanniques et français décidèrent une interdiction totale de l’importation, la transformation, la fabrication et la vente de vêtement des toiles de coton dans le but de protéger le commerce et les manufactures de textiles français (soie, laine, lin et chanvre), d’optimiser le contrôle de la qualité et la gestion de la main d’œuvre et, ainsi, de préserver l’économie interne.

Mais cette interdiction est de courte durée l’invention de James Hargreaves, la « Spinning jenny », en 1764 donne alors l’impulsion qui manquait pour débuter la Première Révolution industrielle et la mécanisation du secteur du textile.

La Révolution industrielle marque le grand retour du coton sous toutes ses formes grâce à l’industrialisation du textile. L’augmentation et l’amélioration des moyens de production associées au faible coût de la main d’œuvre dans les colonies font baisser les prix. Les cotonnades se démocratisent très rapidement dans toutes les couches sociales. Le coton décolle définitivement en 1771.

Le Nord-Est de l’Angleterre profite de l’industrialisation du textile et du développement du charbon et de la vapeur pour créer des réseaux de transports performants et rapides, diminuant encore le coût du produit fini. Les industries fleurissent aux abords des rivières et des moulins. Par exemple, à 60km de Manchester, en 1772, ouvre une usine employant 800 personnes. Douze ans plus tard, la ville de New Lanark pousse près de Glasgow. D’un point de vue chiffre :

  • 1760, apogée des Indiennes en Europe
  • Entre 1760 et 1820, le coton multiplie par 52 ses importations de matières brutes
  • Entre 1771 et 1808, les importations de coton brut sont multipliées par 12 et multiplient ainsi par 5 le total des exportations sur l’ensemble du XVIIIème siècle
  • En 50 ans, le prix du coton est divisé par 5.

Mais cette explosion de croissance du coton a un prix social que l’on verra dans le prochain volet…

 

Article rédigé par Simon Père

 

Par Louis-Marie VAUTIER
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