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Les biomatériaux : une révolution écologique ?

Innovation

16 mars 2021
Les biomatériaux : une révolution écologique ? 450 293 Good Fabric

Le terme « biomatériau » est une notion à la mode ces derniers temps mais elle semble être mal comprise dans le monde du textile. Il faut se poser les bonnes questions et éclaircir certains axes pour mieux comprendre ce qui se cache derrière ce mot.

Les biomatériaux c’est quoi ?

D’un point de vue scientifique, un biomatériau est un matériau qui dispose d’une association biologique non spécifique (d’origine naturelle, produit par des cellules naturelles, etc.). Dans le monde de la mode, on utilise plutôt ce terme pour décrire un produit fini mais ce mot englobe un ensemble de termes qu’il est nécessaire de définir :

Matériau biosourcé

C’est un matériau dérivé totalement ou en partie de la biomasse, c’est-à-dire que cela provient des plantes, des arbres ou des animaux, par opposition aux sources fossiles. Comme exemple de matériau biosourcé, on retrouve :

  • Des cuirs conventionnels
  • Des tissu pur coton
  • Des mélanges de coton polyester
  • Des cuirs synthétiques contenant des déchets de fruits ou de légumes combinés à des polymères synthétiques.

Matériau biosynthétique

Tout d’abord, la biosynthèse décrit un processus par lequel un organisme biologique vivant (bactéries, plantes, animaux) transforme une molécule simple (pas nécessaire d’origine naturelle) en molécule complexe. Un matériau créé par biosynthèse est appelé matériau biosynthétique. Cependant, dans le contexte des textiles de mode, un « biosynthétique », désigne plutôt un matériau dérivé de matière d’origine naturelle qui peut être transformé en polymère, fibre ou tissu.

Matériau bio-fabriqué

La bio-fabrication quant à elle désigne la production de matière par des cellules vivantes et des micro-organismes, tels que des bactéries, des levures et du mycélium. Généralement, cette matière doit subir un traitement chimique ou mécanique afin d’obtenir la structure finale souhaitée (par exemple, des étapes de filature et tissage sont nécessaires pour obtenir l’étoffe finale).

Un type de matériau bio-fabriqué est le bio-assemblé qui est un produit fini qui a été cultivée directement par des micro-organismes vivants (bactéries, levures). Cela peut-être le cas pour un faux cuir par exemple.

Toutes ces appellations sont scientifiques et peuvent être trompeuses pour les industriels et les consommateurs, pour qui le préfixe « bio » fait plutôt référence aux labels d’agriculture biologique, respectueuse de l’environnement et de la biodiversité.

Comment on crée des biomatériaux ?

Tout d’abord, il est nécessaire de choisir le « feedstock » le plus adapté pour la création d’un biomatériau. C’est l’ingrédient qui va être consommé par un organisme vivant dans un processus spécifique et qui n’est pas destiné à être présent dans le produit final. On retrouve différents types de « feedstock » pour les biomatériaux :

  • Maïs, blé, canne à sucre, pomme de terre, betterave, riz, huile végétale, fruits
  • Déchets et résidus agricoles (Paille de blé, déchets de bois)
  • Algues
  • Gaz à effet de de serre (Oxyde de carbone et méthane)
  • Autres résidus de déchets (Déchets solides municipaux)

A titre d’exemple, partons de la betterave pour créer un non-tissé cellulosique. Premièrement, on transforme la betterave en sucre. Vient ensuite l’étape de biosynthèse, où des micro-organismes transforme ce sucre en monomères, qui sont ensuite polymérisés. Les polymères obtenus sont filés, puis coupé et mélangés à des fibres cellulosiques issues des déchets de l’industrie agroalimentaire afin de créer le non-tissé.

Le développement de matériaux à l’aide des biotechnologies est long et compliqué, il faut compter en moyenne 5 années de recherche pour aboutir à un matériau viable. Plus précisément, le problème vient du choix de la bactérie, de son environnement de vie et de son rendement, il faut une multitude d’essais afin de trouver ce qui correspondra le mieux.

Les biomatériaux vont-ils révolutionner l’industrie du textile ?

On l’a vu, quand on parle de biomatériaux on a déjà un faux ressenti sur le terme « bio ». On pressent les dérives marketing qui suivront l’évolution des technologies associées.

Quand on s’attarde de plus près à l’utilisation de « feedstock » naturel, on n’est pas plus confiants : rien n’indique que les cultures doivent être biologiques. Quid de l’utilisation de pesticides et d’engrais synthétiques qui ont des conséquences terribles pour l’environnement ? Quelle différence finalement avec les cultures de fibres naturelles déjà existantes, comme le coton, le lin, le chanvre… ? Très peu d’études montrent réellement l’impact positif que peuvent avoir les nouveaux biomatériaux.

Bon, tout n’est pas noir non plus : il y a des angles très intéressants, notamment lorsque les « feedstock » sont des déchets de l’industrie agroalimentaire ou encore des gaz à effet de serre. En effet, on ne crée pas de nouvelles ressources, on s’inscrit plutôt dans une économie circulaire vertueuse. On répond même possiblement à la problématique du changement climatique en allant à contre-courant, en consommant les gaz à effet de serre au lieu de les générer (mais là encore, on aurait besoin de plus d’étude pour se réjouir complétement de ces solutions).

Bref, on n’a pas encore trouvé la solution miracle, ce qui ne veut pas dire qu’il est inutile de chercher. On va bien évidemment suivre l’évolution de ces technologies, avec une grande précaution et en gardant notre rigueur d’analyse et de tracabilité. De nouvelles solutions vertueuses vont émerger à condition de respecter le bon sens et l’objectif initial qui est de réduire l’impact environnemental de ces matériaux.

 

En attendant, chez GOOD FABRIC, on continue de tracer nos filières de bout en bout, pour vérifier que chaque ouvrier peut travailler et vivre dans des conditions décentes. On continue de sourcer du coton biologique, ne nécessitant aucun intrant synthétique et en utilisant l’eau de manière raisonnée. On continue d’accompagner nos clients vers une industrie textile plus sobre et plus vertueuse.

Nous sommes en mouvement et nous nous engageons depuis toujours pour agir à notre échelle, pour une mode plus durable. Cette échelle est d’autant plus grande que nous fédérons de plus en plus de marques qui souhaitent s’engager et qui prennent des décisions fortes pour agir.

  Par Simon Péré et Alix Poitou

 

Source :

Understanding « bio » material innovations: a primer for the fashion industry – Fashion for Good & Biofabricate

 

Par Louis-Marie VAUTIER
Innovation

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