Depuis deux semaines la situation sanitaire liée au Covid-19 s’aggrave en Inde. La hausse exponentielle des cas de coronavirus rend la gestion des malades impossible. Les hôpitaux indiens manquent cruellement de moyens humains et financiers pour assurer un service de soin performant et décent. Résultat : l’Inde comptabilise près de 400 000 nouveaux cas par jour et frôle la barre des 250 000 morts au total.
Plus de place disponible, plus d’oxygène, les malades meurent devant les hôpitaux qui décident de fermer leurs portes faute de place. A New Delhi il faut imaginer le silence pesant d’une ville de 20 Millions d’habitants. Ville déserte où seules les sirènes d’ambulances subsistent. Environ 9 000 lits sont disponibles dans l’ensemble des unités Covid de New Delhi, et seulement la moitié de ces lits disposent du matériel d’assistance respiratoire. 9 000 lits pour 20 millions d’habitants : c’est très peu.
Un climat de peur générale s’installe, de nombreux S.O.S sont lancés par des particuliers ou hôpitaux à la recherche de matériel médical ou d’oxygène. Face à cette détresse, les pouvoirs publics ont décidé de dédier l’ensemble de la production d’oxygène à l’usage médical. Les Indiens utilisent actuellement de l’oxygène industriel faute d’oxygène médical. L’utilisation de l’oxygène industriel n’est pas sans risque car celui-ci contient des gaz nocifs tels que le monoxyde de carbone ou le méthane. Cette pénurie d’oxygène médical s’explique tant au niveau de la production où les stocks ont été mal gérés, que de l’approvisionnement où les états se disputent l’attribution des bouteilles d’oxygènes.
Les crématoriums et les cimetières indiens sont débordés menant à la multiplication des bûchers funéraires et des crémations de masse. Le 10 mai dernier, les autorités ont aussi annoncé qu’une cinquantaine de corps s’étaient échoués sur les bords du Gange. Dans le Bihar et l’Uttar Pradesh, des régions très pauvres, des habitants ont déclarés à l’Agence Française de Presse que les gens se voyaient dans l’obligation de jeter les corps dans le fleuve par manque de moyens pour payer le bois nécessaire pour un bûcher funéraire.
La seconde vague de contamination s’oppose en tout point de vue à la première vague qu’avait connu l’Inde l’année dernière. Le « miracle indien » de la première vague reste inexpliqué à ce jour.
Comment expliquer la virulence de cette seconde vague ? En Février 2020, le président Indien Ram Nath Kovind annonce la « libération totale de l’Inde face au virus » et lance un programme diplomatique vaccinal en démarrant une campagne de donation de vaccins aux pays voisins.
La première erreur à sûrement consisté en une sous-estimation de la seconde vague : les meetings politiques de grande ampleur sont autorisés, les mariages et autres fêtes reprennent. Le président autorise également la tenue du Kumbh Mela, le plus grand pèlerinage au monde. Sans aucune protection sanitaire, l’ensemble de ces événements ont contribué à la propagation du virus dans tout le pays.
La virulence de la seconde vague peut aussi s’expliquer par l’échec de la stratégie de vaccination conduite par le gouvernement Indien. En effet, le gouvernement décide de promouvoir et de mettre sur le marché un vaccin indigène alors que sa phase 3 de test n’est pas encore validée. La population n’a pas eu confiance en ce vaccin et ne s’est pas fait vacciner en masse.
Enfin, même si les études à ce sujet ne sont pas encore claires, nous pouvons nous interroger la responsabilité du nouveau variant B1.617 dit « indien » que l’OMS classe comme étant « préoccupant ». L’OMS indique que cette mutation serait plus contagieuse, et plus résistante aux vaccins.
Il demeure que la situation sanitaire actuelle en Inde est très préoccupante et que l’heure est à l’action internationale plus qu’aux questions de responsabilités. Good Fabric entretien un lien particulier avec l’Inde où elle cultive une relation de confiance depuis 18 ans avec ses partenaires. C’est pourquoi nous nous joignons à la démarche de Vision du Monde et appelons au don ! Il n’y a pas de petit geste et chaque euro compte ! Merci d’avance de votre soutien !
credit photo : Getty Amal hs Hindustan Times